Jean François SERRE, dans son introduction, remercia vivement l’assistance de sa présence lors de cette Veillée littéraire revenant aux sources de l’association et salua en particulier, avec courtoisie, la conférencière.
Avec humour, il mit enfin, l’assemblée dans l’ambiance proustienne, en citant un extrait « Du côté de chez Swann » dans lequel Madame VERDURIN n’est pas très « tendre » avec l’Auvergne….
Eloquente, à l’aide d’un diaporama et des enregistrements émouvants de la voix de Céleste ALBARET, Laure HILLERIN dévoila son enquête inédite, rigoureuse en s’appuyant sur des archives originales et sur la correspondance de PROUST.
L’histoire singulière de Céleste ALBARET fut ainsi contée avec passion et conviction. Entrée au service de Monsieur PROUST en 1913, elle resta auprès de lui fidèlement jusqu’à son décès en 1922 et ces années firent basculer la vie de Céleste, paysanne lozérienne, née à Auxillac en 1891.
Après son mariage avec Odilon ALBARET, elle devint la servante de Marcel PROUST qui la jugea d’emblée, « forte de caractère et de dignité ». Auprès de l’écrivain, bien que timide et peu instruite, Céleste, intelligente, se construisit peu à peu jusqu’à devenir sa confidente et son « amie «, copiant sous sa dictée, créant les fameuses « paperolles », répondant à sa place au téléphone et côtoyant, le monde des Lettres et des Arts.
Même si leur relation ne fut pas toujours idyllique, Céleste qui consentait que Marcel PROUST pouvait être un tyran, voua à son « patron et ami », un véritable culte tandis que lui faisait preuve à son égard, d’une grande sollicitude.
Après la mort de l’écrivain, Céleste reprit une vie ordinaire mais, malheureuse, elle se sentit décalée, dans un monde qui n’était plus le sien.
Gérante d’un hôtel avec son mari, devenue maman d’Odile qui reconnut : « je suis née de la mort de PROUST », c’est lorsqu’elle devint la gardienne de la maison de Maurice RAVEL à Montfort-L’amaury que Céleste s’éveilla peu à peu au souvenir du grand homme de Lettres. Elle reprit contact avec la famille et les amis de l’écrivain, contribuant par ses interviews à une notoriété croissante de Marcel PROUST dans les années 60-70, médiatisant son œuvre.
Il y eut bien des controverses à son sujet mais chacun s’accorde à dire désormais que le rôle de Céleste ALBARET auprès de Marcel PROUST fut déterminant.
Avant sa mort en 1984, à 93 ans, à Méré, celle qui vécut dans « le cercle enchanté » de l’éminent auteur littéraire, qu’elle qualifia de « Quel homme, si noble de sentiments ! », avoua : « je l’aimais comme j’aimais ma mère, mon enfant ».
Des applaudissements enthousiastes saluèrent la conférence remarquable de Laure HILLERIN qui répondit avec entrain à quelques questions, révélant que Céleste a laissé des traces dans l’œuvre de PROUST en lui inspirant notamment le personnage de Françoise ou celui d’Albertine.
Après que Laure HILLERIN ait pu échanger avec ses admirateurs en dédicaçant son ouvrage, une collation réconfortante acheva cette Veillée d’Auvergne, devenue l’espace d’un soir, un salon littéraire distingué, donnant envie à chacun de relire PROUST.