Histoire


Eugène de Ribier
Augustin de Riberolles
1908 - La fondation de 
La Veillée d'Auvergne
Ce jour-là, samedi 2 mai 1908, Mgr Lecoeur, évêque de Saint-Flour, fait sa visite pastorale à Ytrac, paroisse du poète félibre Arsène Vermenouze. De cette journée les historiens ne retiendraient que la visite de Mgr Lecoeur. Pourtant, ce même jour, à Paris, face à la Comédie Française, place du Palais Royal, au 1er étage du Café de l’Univers, un petit groupe de littérateurs auvergnats s’est réuni pour créer une nouvelle association et une revue, La Veillée d’Auvergne.

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Pourquoi cette création ? Qui sont ces intellectuels auvergnats ? Quelques mois plus tôt, le 22 février 1908, à l’Athénée Saint-Germain, a lieu la soirée d’inauguration de la nouvelle société littéraire et artistique « Lo Bilhado ». Le Duc de La Salle de Rochemaure présente une conférence sur le thème «La grande et petite patrie ». Quelques semaines plus tard, on peut lire dans le journal L’Auvergnat de Paris : « Cette soirée a prouvé d’une façon éclatante qu’une société littéraire et artistique devait prospérer dans la colonie auvergnate de Paris. Les principaux organisateurs de cette fête comprirent que « Lo Bilhado », pour répondre encore mieux aux espérances que l’on est en droit de fonder sur elle, ne doit pas rester un simple groupement, mais devenir une société régulièrement constituée et organisée, « la Veillée d’Auvergne » tel est le nom de la nouvelle société qui se présente sous les auspices de M. Eugène de Ribier, président, Augustin de Riberolles, et Maurice Prax, vice-présidents ».

Il semble qu’une scission se soit produite au sein de la Bilhado. Quelques personnes conduites par Eugène de Ribier décident donc de créer la Veillée d’Auvergne.

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Pourquoi ? La réponse vient d’Eugène de Ribier, qui écrit : « Il serait bien surprenant que l’Auvergne fût restée sans créer un organe vraiment littéraire et artistique. On n’a point oublié l’intéressante tentative faite naguère à Aurillac par un petit groupe d’écrivains de langue auvergnate parmi lesquels notre cher et grand Vermenouze, « Lo cobreto » tel était le nom de leur publication, eut une existence éphémère. Cette œuvre, nous voulons la reprendre ». Et c’est donc la raison de la fondation de la Veillée d’Auvergne qui est la suite de Lo Cobreto qui n’existait plus depuis 1900.

Régulièrement, à l’époque, des journaux auvergnats de la capitale comme La Semaine Auvergnate d’Antonin Meyniel, ami du Duc de la Salle de Rochemaure, organisaient des soirées culturelles de grande qualité. De plus La Solidarité Aveyronnaise avait été fondée en 1907. Nous sommes dans une ambiance très portée sur la culture avec des personnes de talent. 
Les buts de la Veillée sont les suivants : 
- établir et resserrer entre ses membres des liens d’amitié et de solidarité ;
- développer chez les originaires de l’Auvergne le goût des arts et de la littérature ;
- faire connaître les artistes et littérateurs auvergnats…

D’où viennent les fondateurs ? De l’amicale « La soupe aux choux » fondée en juillet 1880, qui amènera treize personnalités à la Veillée ; de « Jeunesse d’Auvergne », association chrétienne d’entraide, qui regroupait des nobles et des jeunes gens de bonne famille; de la Revue des poètes dirigée par Eugène de Ribier depuis 1903 ; et bien entendu des carnets d’adresses et des amitiés parfois très anciennes des fondateurs, auxquels il faut ajouter la presse auvergnate de l’époque.

D’autre part, le développement des transports en commun dans Paris facilite la création des amicales.

Le dimanche 29 novembre 1908, c’est dans la grande salle du Musée Social que la Veillée d’Auvergne organise sa première soirée, présidée par Maurice Barrès.
Jean-Charles Brun présentera une conférence sur le régionalisme, un thème très à la mode au début du XXe siècle.
La revue Veillée d’Auvergne paraît en janvier 1909 et disparaîtra en juillet 1914.

C’est une revue littéraire de grande qualité qui, peut-être, mais nous n’avons pas de documents qui le prouvent, a inspiré à Armand Peysson et au Dr Pierre Balme la création de L’Auvergne littéraire en 1924.

Les fondateurs : ( cliquer sur le nom pour ouvrir leur généalogie dans la base "pierfit")

Eugène de Ribier : né à Paris en 1867, décédé en 1944 à Menet dans le Cantal. Agrégé de Lettres, professeur d’Université, directeur de la Revue des Poètes, Eugène appartient à une maison noble de très ancienne extraction qui a donné plusieurs écrivains, historiens et grands serviteurs de l’Etat.
Augustin de Riberolles : né à Thiers en 1878, décédé en 1959 à Bulhon. Ecrivain, romancier, auteur dramatique, Augustin descend d’une famille de marchands originaire de Thiers, anoblie en 1762 par charge de Secrétaire du Roi. Il fréquente le milieu anarchiste et les pionniers du Théâtre d’Art où il rencontrera le célèbre comédien Louis Jouvet.
Raymond Tarbournel : né en 1872, mort pendant la Grande Guerre. Professeur d’histoire.
Emile Gaillard : né en 1882, originaire de Crandelles. Il travaille à la Banque de Paris et des Pays-Bas, secrétaire. 
Victor Teissèdre : né en 1884, décédé en 1964, originaire de Pierrefort, trésorier.
Emile Gaillard et Victor Teissèdre sont les plus jeunes. Ils viennent de l’amicale «Jeunesse d’Auvergne».

On trouve parmi les fondateurs des personnalités très intéressantes : 
Maurice Prax, originaire de Massiac, journaliste, rédacteur en chef de plusieurs journaux parisiens. Maurice Barrès, Lorrain, écrivain et homme politique, originaire de Haute-Loire et du Cantal.
Francis Charmes, d’Aurillac, sénateur, membre de l’Académie Française, directeur de la Revue des Deux Mondes. 
Xavier Charmes, son frère, historien. 
Jean Baptiste Champeil, de Saint-Martin-sous- Vigouroux, sculpteur.
Marcel Tinayre, de Corrèze, écrivain. Henri de Noussannes, écrivain, auteur dramatique.
François Fabie, Aveyronnais, poète.
Pierre de Nolhac,d’Ambert, conservateur du Château de Versailles, membre de l’Académie Française. Denys Puech, de Gavernac en Aveyron, sculpteur, membre de l’Institut.
Charles de Pomairols, Aveyronnais, poète, écrivain et philosophe.
René de Chaudes-Aigues de Tarrieux, de Clermont, collectionneur.
Le duc de la Salle de Rochemaure, du Cantal, personnage pittoresque, écrivain, poète, félibre. 
Arsène Vermenouze, poète, félibre. 
Emilie Arnal, du Rouergue, poète et romancière. 
Fernand Vernhes, d’Aveyron, félibre, écrivain, chroniqueur à L’Auvergnat de Paris. 
Victor Fonfreide,  né le 24 décembre 1872 à Volvic et mort le 12 septembre 1934 dans la même ville est un peintre, illustrateur, lithographe français régionaliste. professeur. Il ne fait pas partie des fondateurs, mais il sera la légende de La Veillée d’Auvergne : menu, barbu, mince et sonore, il était toute bonté et courtoisie et s’entourait de rudesse littéraire. Élève de l'École d'architecture de Volvic, des beaux-arts de Clermont-Ferrand, puis de l'ENSAD, il est pendant une dizaine d'années professeur de dessin au lycée d'Aurillac où il rencontre Maurice Prax. Il fréquente alors également l'école de Murol, puis se fixera à Vic-sur-Cère où il possédait une maison avec un atelier. Ses techniques sont multiples: aquarelle, sculpture, huile, céramique et plomb, mais c'est surtout avec la craie qu'il est le plus intéressant. Ses sujets sont des paysages de l'Auvergne, mais surtout des monuments, des personnages, et des scènes de genre, qu'il traite avec un naturaliste, parfois proche de l’expressionnisme. Sa fille résume sa personnalité par la formule: « regard aigu, crayon habile ».
Camille Gandilhon Gens d’Armes, né en 1871 et mort en 1948, écrivain, poète, félibre, chroniqueur à L’Auvergnat de Paris de 1923 à 1948.

En 1981, grâce à Louis Bonnet 3e du nom et à Raymond Trébuchon, tous les deux présidents successifs de la « Ligue Auvergnate », La Veillée d’Auvergne, sous la présidence d’Emile Tichet, poète félibre, originaire de Lozère, reprend force et vigueur avec le concours pour la première conférence de Roger Girard, l’éminent historien des Auvergnats de Paris.

J’ai eu l’honneur et le plaisir de présenter en 1987 une conférence sur l’histoire de La Veillée d’Auvergne. Ce travail est inédit, il est déposé aux archives de la Ligue Auvergnate. Peut-être sera-t-il publié dans le cadre du Centenaire de la Société.
Il me semble, et c’est ce que je ressens, qu’il existe, entre les fondateurs de 1908 et nous, une chaîne d’union très longue, très forte, félibrige, langue d’Oc, littérature, histoire, traditions, beaux-arts, qui nous unit dans un même esprit. Notre but, notre souhait, c’est de transmettre !
Guy Taillade
Musée social, vendredi 28 novembre 2008.




Extraits de la "Frise Chronologique 1882-1965" site de la Ligue Auvergnate

Mardi 8 novembre 1960 : Cent soixante-dix personnes étaient présentes à l'Assemblée Générale de La Ligue Auvergnate et du Massif central. Sur la proposition de M. Amargier, l'assemblée approuve à l'unanimité le principe de redonner vie à la société littéraire "La Veillée d'Auvergne" destinée à devenir la quatrième filiale de la Ligue.

L'assemblée approuve également la proposition de M. Paulhe d'envisager la création d'un insigne de boutonnière destiné aux membres de la Ligue et à tous ceux de nos compatriotes qui désireraient marquer discrètement leurs origines.


La Veillée d'Auvergne a été reconnue au Comité Félibréen de Sceaux
 le 8 octobre 2020 par délibération du Conseil municipal. 
Pour en savoir plus cliquer ci-dessous

Note de présentation au conseil municipal de Sceaux
Délibération acceptée à l'unanimité