06/03/2019

Les Justes du Cantal

 

HISTOIRE ET MÉMOIRES DES JUSTES DU CANTAL Veillée d’Auvergne et du Massif Central

A la société des Lettres, Sciences et Arts : la Haute Auvergne, en partenariat avec la Veillée d’Auvergne, l’Aurillacoise et la Fédération des Amicales du Cantal.

C’est à un sujet sensible, très actuel et suscitant grand intérêt et réflexion que le jeune historien Julien BOUCHET s’attacha à présenter tous les aspects dans sa conférence intitulée : « Histoire et mémoires des Justes du Cantal », lors de la rencontre organisée par la Société des Lettres, Sciences et Arts : la Haute Auvergne, en partenariat avec la Veillée d’Auvergne et du Massif Central, l’Aurillacoise et la Fédération des amicales du Cantal, dans la salle Saint-Laurent, à Neuilly, jeudi 21 février 2019, à 19h, en compagnie d’une quarantaine d’amis.

C’est Pierre VERMENOUZE, délégué Ile de France pour la société de la Haute Auvergne qui, en introduction, salua l’auditoire et notamment Roger VIDAL, pdt de la Veillée d’Auvergne et Jean-Claude MAGRIN, pdt de l’Aurillacoise. Il excusa Bernard LHERITIER, pdt de la Fédération des amicales du Cantal et présenta avec satisfaction, Julien BOUCHET, docteur en Histoire contemporaine, enseignant en Histoire et Géographie à l’université de Clermont-Ferrand. Sa thèse réalisée autour des relations entre la République et les cultes l’a peu à peu amené à travailler sur le thème des Justes.

Cela fait 4 ans qu’il peaufine le sujet, ayant publié plusieurs ouvrages dont l’un en 2015 : « Les Justes d’Auvergne », collection : Etudes sur le Massif Central, aux éditions universitaires Blaise Pascal. Heureux d’accueillir Julien BOUCHET pour parler du sauvetage des juifs, au cœur de ses recherches, Pierre VERMENOUZE lui laissa la parole sous les applaudissements.

Dans un exposé brillant, à l’aide d’un vidéoprojecteur, s’exprimant avec clarté, rigueur et précision, s’appuyant sur une riche documentation, Julien BOUCHET sut éveiller l’attention de l’assistance. Il définit abord ce qu’est un Juste parmi les Nations, la plus haute distinction civile accordée par l’institut Yad Vashem à Jérusalem, depuis 1963, selon des critères stricts et dont ont bénéficié pour le Cantal, 28 Justes parmi les Nations sur les 203 Justes dits d’Auvergne. Il y a 4150 Justes en France, 3ème pays dans le monde pour cette distinction qui renvoie à l’Histoire sociale et à une démarche de mémoires. Sur les 28 Justes du Cantal, il y a plus de femmes que d’hommes et 35% sont des paysans. Selon Yad Vashem, c’est une photographie de la société française à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Julien BOUCHET fit le portrait de trois de ces Justes, aux parcours de vie différents et expliqua que sur les 500 juifs recensés en 1941 en Auvergne, plus des 2/3 ont échappé au « ramassage ». Ces Justes du Cantal étaient issus pour trois d’entre eux d’Allanche et de Pierrefort mais aussi d’autres lieux dont Saint-Flour et Aurillac qui a fait preuve d’une grande Résistance. Il conta des sauvetages croisés émouvants et douloureux puis, se tourna vers le Présent en souhaitant des dynamiques nouvelles et plus encore de collectes de témoignages car cette Histoire est encore lacunaire. 50 nouveaux cas sont étudiés actuellement pour devenir Justes parmi les Nations et un colloque va être organisé le 5 juin 2019 à Clermont-Ferrand, autour des aidants et des sauveteurs.

L’historien informa les participants sur le réseau Mémorha, en construction et la carte interactive des sites : Mémospace. Il rendit hommage à trois religieuses d’Allanche qui effectuèrent des sauvetages poignants et donna l’exemple d’un cadre de la Résistance qui sauva plusieurs personnes. En conclusion, Julien BOUCHET mit en exergue trois points importants à propos des Justes du Cantal : la précocité des engagements dès la fin de 1941, le Cantal étant le département favori pour les sauvetages et les refuges, la mémoire des sauvetages qui est éminemment complexe ,70 ans après les faits et l’appel à la collecte. Seule la connaissance pourra empêcher les sursauts d’antisémitisme dit Julien BOUCHET. En tant que passeur de mémoire, il fut très applaudi pour sa conférence qui donna à chacun l’envie d’aller plus loin, d’en savoir plus sur ce sujet aussi grave que captivant.

Un débat s’instaura avec l’assemblée permettant d’approfondir certains points et après un cocktail appétissant, c’est avec fierté que chacun salua les Justes valeureux du Cantal.